AB, Agriculture Naturelle, Bio-Cohérent, Biodynamie, Terre d’ici, Agriculture Paysanne, sont autant de variantes de l’agriculture biologique. L’une d’entre elles, le label AB, a été créée par l’Etat pour promouvoir et subventionner des filières nationales permettant de vendre à des prix rémunérateurs. Pour les autres, non subventionnées, il s’agit de choix personnels d’agriculteurs qui veulent produire dans le strict respect de leurs convictions et parfois, comme c’est notre cas, qui refusent certaines pratiques accordées par l’Etat qui sont à l’opposé de l’esprit du bio.
Malheureusement les règles du commerce mondial ont imposé la libre circulation des produits bio avec des cahiers des charges hétérogènes. On trouve donc du bio partout, du vrai et du faux, même chez MacDo, pauvre José!
Toutes ces formes d’agriculture biologiques, au niveau d’exigence élevé, ont permis de redonner confiance dans les produits alimentaires. De nombreuses autres démarches, le label Rouge avec indication de la région de production, les labels régionaux de porcs plein air et d’agneaux sont aussi de vrais signes de qualité, l’identification du lieu de production étant déjà un progrès indispensable dans la limitation des transports.
Recherchez donc des produits, labellisés ou non, mais dont l’origine est clairement indiquée, il y en a de plus en plus.
Bio-diversité végétale et animale
Bio-diversité végétale
L’entretien des espaces pastoraux par l’élevage, alternant le pâturage par les brebis et la fauche des foins dans les prairies accessibles en tracteur, favorise le maintien d’une flore diversifiée locale, adaptée spontanément à son environnement. La remise en état des vielles pâtures, autrefois brûlées pour limiter l’enfrichement, est faite par broyage des refus et travail superficiel avec une herse favorisant le développement racinaire et l’élimination des mousses qui étouffent la prairie. Le passage des brebis derrière ce travail permet un enrichissement naturel de la végétation par les déjections des animaux.
Depuis toujours, les éleveurs ont sélectionné les races qui répondaient le mieux à leurs besoins. Obtenir plus de viande ou plus de lait est souvent l’objectif prioritaire des éleveurs, illustré par le salon de l’Agriculture. Mais on est passé de la sélection individuelle à l’insémination artificielle, devenue la méthode standard de reproduction. Les catalogues distribués par les centres d’insémination ne comptent que quelques dizaines de mâles pour des dizaines de milliers de femelles. Cette intervention brutale dans l’évolution des espèces entraîne à chaque sélection des conséquences imprévisibles et irréversibles sur la santé, l’adaptation au milieu et la résistance des animaux. Nous sommes donc opposés à l’insémination artificielle qui va à l’encontre de la bio-diversité, en ne comprenant pas qu’elle soit agréée par le Label AB.
Les races que l’on trouve en élevage sont classées en deux catégories: les races bouchères ou laitières résultat de sélections poussées, et les races rustiques. Les premières produiront plus, mais seront plus exigeantes pour leur alimentation et en général plus fragiles. Les secondes valoriseront une alimentation moins riche mais seront plus résistantes, leur production de lait et de viande sera moindre mais de qualité supérieure. A la Bergerie de la Cordière, notre troupeau de mouton est composé de races rustiques (Merinos de l’Est et Blanche du Massif Central) et notre troupeau de cochon compte une race rustique, le Gascon, et une race bouchère.
Bien être animal
Le bien-être impose que les animaux puissent se comporter aussi naturellement qu’ils le feraient en totale liberté, la limite étant aussi reculée que possible. Ainsi pour les brebis et les agneaux, l’élevage en bâtiment est limité aux périodes d’hiver froides, humides ou neigeuses, les petits ruminants ayant besoin de fourrage sec. Le reste de l’année, les brebis sont toujours élevées en plein air. Par contre les agneaux, plus fragiles et très exposés aux prédateurs, sont dans beaucoup d’élevages élevés en bergerie. Chez nous, les agneaux suivent les mères au pâturage et disposent d’une petite bergerie d’agnelage qui limite les attaques des prédateurs dans les trois semaines suivant la naissance.
Pour les cochons, la neige et le froid ne leur posent aucun problème, si de bonnes cabanes sèches et sans courant d’air leur offrent l’abri nocturne après les déplacements de la journée. A la Cordière les cochons disposent de grands parcs boisés dans lesquels ils trouvent la verdure, les racines, les graines et les glands qui complètent leur régime alimentaire.
Des animaux en bonne santé
Un éleveur n’est pas vétérinaire, aussi nous faisons deux fois par an avec le nôtre un bilan sanitaire détaillé des troupeaux, en observant rigoureusement les prescriptions de traitements. Pour limiter ceux-ci sans prendre de risque sanitaire, nous mettons en oeuvre des techniques simples pour protéger les animaux, comme la rotation des pâturages pour éviter le parasitisme, le nettoyage des bâtiments d’hiver, la qualité de l’eau de boisson. Les résultats comblent nos attentes : chez les cochons, un traitement antiparasite est le seul soin qu’ils recevront pendant leur vie à la ferme.
Cycles naturels pour des agneaux toute l’année
Les races rustiques sont par nature les mieux adaptées à un élevage bio. Ainsi les rustiques Mérinos de la Bergerie de la Cordière se reproduisent naturellement sans cycle saisonnier et donnent ainsi des agneaux toute l’année, alors que les races intensives ont un cycle saisonnier imposant le déclenchement artificiel des chaleurs.
Mutilations
Dans les élevages de porcs en bâtiment, la concentration des animaux provoque de fréquentes morsures et saignements. Pour y remédier, les éleveurs coupent les dents et les queues des animaux, le mouvement remuant de ce petit appendice excitant l’envie de mordre. Chez nous la mutilation des cochons n’existe pas, l’espace dont disposent les animaux faisant disparaître le risque.
Protéger notre planète
La grande contribution de l’agriculture bio pour la santé et l’environnement a été la réduction des traitements et des engrais chimiques. A la bergerie de la Cordière, le seul engrais utilisé est le fumier de nos moutons. N’ayant pas de culture, les sols et le relief ne le permettant pas, nous n’utilisons aucun pesticide ni produit phyto. Pour notre jardin familial, nous avons des résultats spectaculaires grâce à cet engrais magique qu’est le fumier de mouton.
Mais l’environnement ne se limite pas aux pesticides ou aux engrais. Les transports sont un problème majeur. Nous achetons tout ce que nous pouvons au plus près. Un bovin bio qui arrive d’Argentine ne peut pas se dire bio et ruiner la planète en transport. Faire venir de 1.000 kilomètres un engrais bio est irresponsable, le seul engrais vraiment bio étant le fumier de la ferme voisine. Une céréale bio qui arrive d’Ukraine est plus polluante qu’une céréale produite localement en agriculture raisonnée. En Rhône-Alpes, quoi de plus bio que de manger ce qui s’y produit.
La certification « Haute Valeur Environnementale » nous a convaincus car elle évalue les pratiques de l’ensemble d’une exploitation agricole et son impact environnemental sur quatre grands enjeux écologiques :
- la biodiversité végétale et animale,
- la pollution des sols et des nappes phréatiques,
- l’emploi des intrants phytosanitaires et fertilisants,
- et la ressource en eau.
Malgré le coût cette démarche qui est à notre charge (contrairement à d’autres labels subventionnés comme AB), nous en avons fait la demande et avons été certifiés en septembre 2019 ! Nous ne toucherons pas de prime agricole pour cela (toujours à la différence du label AB), mais nous vous garantissons ainsi un vrai respect de la planète.
Le paysan
L’image du « paysan » a évolué. Il est passé d’une image en noir et blanc des années 50 à celle contestataire et marginale de l’agriculture bio des années 70. Quarante ans après, il est redevenu un des symboles de nos racines, du lieu où nous vivons, de notre culture.
Paysans d’aujourd’hui, ce site internet nous permet d’expliquer que l’on peut concilier le rôle alimentaire de l’agriculture et celui de protecteur de la nature.
L’identification régionale des productions agricoles, voire individualisée pour les filières courtes, est le premier chemin pour y arriver.
Tout est en place pour le faire : identification et documents multiples accompagnent aujourd’hui le moindre acte de production. Cela permet au consommateur d’associer ce qu’il met dans son assiette avec le terroir dans lequel il vit. En préparant un repas avec les produits issus de sa région, il remet du concret dans l’acte et le plaisir de cuisiner. Et ce n’est pas qu’une démarche alimentaire, parce qu’elle nourrit aussi notre besoin de partager, dans notre nourriture quotidienne, un territoire, sa culture, ses produits et sa cuisine.
Notre façon d’être fidèles à l’esprit paysan, c’est de prendre la voiture de bonne heure le matin pour aller à la rencontre de nos clients sur les marchés. Même si c’est lourd en terme d’horaires de travail (car celui qui nous attend à la ferme ne se fait pas tout seul) c’est un vrai moment de partage dont nous ne voudrions pas nous passer.
Le paysan a des responsabilités, dans l’alimentation et dans son impact sur la nature. C’est pour cela que la qualité des produits, la santé, la nature, les énergies, sont des engagements non négociables.
Découvrez sur le site www.macomerinos.free.fr cette ferme où Jean a fait sa formation, c’est une référence en matière d’élevage et de contribution à l’avenir de notre métier.